Bonjour à toutes et à tous !
En ce beau printemps… humide, m’est venue l’envie de visiter les serres de la Haute Roussière !
Il m’a fallu jouer au gymkhana avec la météo, mes disponibilités et celles de notre productrice, bref, il était grand temps de prendre le taureau par les cornes si je voulais mener à bien mon projet !
Comme beaucoup d’entre nous, je me disais, un jour je profiterai d’une visite guidée pour découvrir l’envers du décor et savoir ce qui se trame pendant cette première partie décisive de la vie de nos légumes qui ne sont encore que des plants !
C’est donc par un temps plutôt maussade que j’ai saisis mon matériel photo et que je me suis rendu à la Haute Roussière non sans avoir pesté contre les indications sommaires de Google Maps !
Ma légèreté à vite fait place au plaisir de me promener au coeur de Dame Nature, et le parcoursen montagnes russes m’a permis de me reposer les yeux sur cette étendue de verdure à perte de vue, les vallons rythmant mon horizon, la route sinueuse dans la forêt avec ses chants d’oiseaux, le vent faisant onduler le blé au loin dans les champs, la douceur angevine me caressant le visage par la fenêtre ouverte, bref, un splendide tableau printanier où il faisait bon flâner au point de presque oublier de s’arrêter !
En haut de la route, soudain une trouée, et à ma droite, la ferme de la Haute Roussière !
Au portail, je vois au loin, le visage entièrement couvert par un casque de protection intégral, engoncée et protégée dans des vêtements recouvrant tout le corps, une personne qui passe le taille herbes maintenu autour de la taille par son harnais de sécurité, un petit signe pour me dire qu’elle termine, et c’est notre productrice avec son célèbre sourire qui m’accueille pour me faire la visite guidée de l’exploitation !
Le temps de poser le lourd sac photo dans une remise, nous commençons à discuter de la ferme, j’écoute les explications de Séverine qui commence la visite guidée…
Ce printemps, comme tout le monde, nous avons constaté outre les pluies plus soutenues, une baisse de l’ensoleillement fort conséquente, de l’ordre de 30 à 40% selon les régions.
Cela a forcément un impact sur les cultures, car si l’eau et les températures sont deux variables également importantes de l’équation, l’ensoleillement est à la base de la photosynthèse !
En ce mois de Mai, enfin, les températures sont remontées, les pluies ont fait place à un peu plus de soleil, et fort logiquement, les plants ont pu commencer à sortir.
Séverine reste confiante sur la production de cette année et c’est donc un « instantané » de l’exploitation en ce début de mois de Mai que je vous invite à découvrir au travers des photos…
Au loin, sous ce ciel gris et menaçant, on peut apercevoir les 5 serres de l’exploitation, celle la plus à gauche étant la toute nouvelle acquise par Séverine, mais nous allons y revenir dans quelques instants !
Sur notre gauche, un peu à l’écart, protégés par une rangée d’arbres fruitiers, se tenaient tranquillement à l’abri, quelques rangs de la production de Séverine, de l’ail pour les deux premiers rangs à droite ainsi qu’un rang de fèves prometteur dont les premières fleurs étaient apparues depuis peu !
Nous reprenons notre visite en coupant à travers champs, la terre, malgré les pluies soutenues de ce printemps est sèche en surface, légèrement craquelée même par endroits…
Les premiers plants que nous voyons sont ceux d’échalotes dressées fièrement sur 4 rangs serrés…
Non loin de là, la production de blettes, betteraves, fenouils, s’étire à l’horizon tandis que Séverine désherbe minutieusement autour des minuscules plants de carottes tout juste sortis de terre !
J’avoue que même habitué à faire du jardinage, j’aurais un peu de mal au début à faire le tri entre le … bon grain et l’ivraie !
La terre, m’explique t’elle, à été brûlée peu de temps avant en surface afin de désherber une première fois et ainsi faciliter le travail par la suite, car malgré tout, il faudra quand même continuer de désherber manuellement dans les jours et semaines à venir !
C’est cela le travail de producteur bio, beaucoup de main d’oeuvre où les exploitants « traditionnels » vont parfois se reposer sur une opération chimique…
Les blettes, betteraves sont tout de même plus « facilement » reconnaissables !
Non loin de là, les plants de salades (batavia et laitues essentiellement), côtoient les choux raves et les courgettes…
Sans oublier les 3 rangs de 4 rangées d’épinards !
Nous revenons vers le centre du terrain où se trouvent les 5 serres qui constituent le coeur de l’exploitation « couverte ».
La première serre, la plus proche de nous (tout à gauche sur le cliché en début d’article), est d’ailleurs la toute nouvelle pour laquelle j’avais initialement prévu cet article que j’ai finalement décidé de transformer en visite guidée !
Cette nouvelle serre acquise au printemps, est une serre d’occasion car le matériel est très onéreux et peu d’exploitants peuvent se permettre des achats en « neuf » !
Malgré tout pour un novice comme moi, elle semble neuve, à regarder l’état impeccable des manivelles permettant d’actionner les mécanismes !
Dans cette nouvelle serre, Séverine à planté quelque 500 plants de tomates, c’est à dire la moitié de sa production !
A titre d’information, Séverine calcule comme suit sa production : 10 pieds de tomates par adhérent, 4 pieds de poivron et d’aubergines, 2 pieds de concombres et ainsi de suite !
Mais regardons en images…
Séverine est ravie, car on peut observer sur quelques plants, les premières fleurs qui sont apparues !
Les cordes que vous voyez pendre du plafond de la serre vont bien évidemment servir de « tuteurs » comme vous l’aurez deviné, tout au long de la croissance des plants, cordes qu’il faudra patiemment retendre au fur et à mesure…
Malgré les nuages bien gris au moment de la visite, on sent bien la chaleur qui règne au sein de la serre !
Dans la serre immédiatement à côté, c’est une toute autre culture qui nous attend, puisque celle-ci abrite des plants de tomates (à droite, légèrement cachés par les plants d’oignons), d’oignons blancs en rangs serrés et sur la gauche, des plants de fèves plus épars que ceux que l’on a pu découvrir à ciel ouvert au début de cet article…
Un peu plus loin dans cette serre, et sur la droite, on découvre une rangée de concombres, et enfin une rangée de poivrons !
A côté de ces deux serres bien « rangées » celle d’à côté fait curieusement plus « jungle » laissée à l’abandon !
Les plants montés ainsi que les mauvaises herbes donnent l’impression que la serre a été négligée, mais non, rassurez-vous, ce n’est pas le cas, il s’agit de plants en fin de vie, que Séverine laisse monter pour, soit récupérer les graines, soit utiliser en compost !
Rien ne se perd, tout se recycle dans les exploitations !
Toutefois, au premier plan, à droite, c’est bien du persil monté que l’on distingue…
Un peu plus loin, dans la chaleur légèrement moite, on aperçoit les fameux pieds de blettes quasiment à hauteur d’homme, qui eux vont finir de leur belle vie après avoir fait le régal des AMAPiens pendant plusieurs semaines cet hiver !
Dans la dernière grande serre, hormis une rangée de fenouil monté, blottie contre la paroi de la serre sur un bout, et les restes de choux pointus au fond, de l’autre côté, c’est le vide qui domine, mais pas pour longtemps…
Nous terminons par l’antre de la « magicienne du végétal », un coin secret où s’élabore les futures récoltes…
Je me suis discrètement introduit dans ce coin secret ressemblant à s’y méprendre à une serre, peut-être un leurre pour les curieux observant de loin l’alignement de celles-ci…
Chut !!, suivez-moi sans faire de bruit…
Tout autour un empilement de cagettes où l’on peut découvrir soigneusement étiquetés, les semis et plants des futures productions !
Là, il faut être fin jardinier, et encore !, pour reconnaitre au premier coup d’oeil les jeunes plants, raison pour laquelle notre pro du bio prend ses précautions m’a t’elle chuchoté dans le creux de l’oreille…
Plants de céléri boule, de courges…
… d’autres, plus reconnaissables, de courgettes…
Je ne vous ai pas tout mis, mais il y a presque toutes les variétés de légumes que Séverine produit, qui se trouvent rassemblées dans ces quelques mètres carrés !
De l’autre côté, les armes biologiques sont également en cours de production !
Là où les producteurs traditionnels se reposent quasi exclusivement sur les produits chimiques, notre productrice bio élabore ses armes « biologiques » presqu’aussi efficaces !
Ses armes ont pour noms : Oeillets d’Inde (protège contre les mouches blanches, nématodes, petits vers blancs), Cosmos et Amaranthe aussi appelée « queue du renard »(favorisent la pollinisation), etc…
Ce volet de la lutte biologique implique de bien connaitre ses ennemis (merci Lao Tseu !), et pour cela, un producteur bio se doit d’utiliser les mêmes armes que lui !
Ces aides ont pour nom : syrphes, coccinelles, chrysopes, petites guêpes, punaises prédatrices, etc !
Afin de bénéficier de leurs services, il convient de leur apporter de quoi se nourrir, et c’est le rôle des ombellifères, c’est à dire le fenouil, la carotte, etc…
Comme le savent les amis du potager, l’association plants de légumes/fleurs n’a pas uniquement pour vocation de lutter contre les parasites et ravageurs, certaines fleurs sont également utilisées afin de favoriser la pollinisation, étape ô combien vitale sans laquelle nous serions dans de « sales draps », ce que l’on a tendance à oublier !.
Là encore, Séverine se fait aider de nos amies les abeilles et à installé pour cela, trois ruches sur son exploitation !
Certes, ce ne sont pas seulement ces trois ruches qui permettent aux abeilles de polliniser la totalité des plants, mais elles y contribuent bien évidemment fortement !
Malgré ses demandes, ses voisins producteurs n’ont pas tous joué le jeu, et continuent d’utiliser des pesticides…
Peut-être pas le tristement célèbre « Cruiser », ou le « Gaucho » et le « Régent », mais allez savoir !
Ce ne sont toutefois pas les seuls ennemis de nos amies les abeilles, elles paient également un lourd tribu aux champignons (Nosema Ceranea), aux acariens (varroa) et tout dernièrement, est apparu un autre ennemi redoutable qui a commencé à défrayer la chronique dans notre département, le fameux « frelon asiatique » qui croque de l’abeille en plein vol comme vous et moi mangerions des fraises Tagada !
Autre rôle potentiel de certaines fleurs celui de « pare-soleil » !
Par leur croissance parallèle, les Cosmos, l’Aneth, l’Amaranthe, par exemple, peuvent apporter un peu d’ombre lorsque le soleil est à son zénith !
Puis, certaines espèces servent d’engrais naturel, de « désinfectant » ou « décompacteur de sol » aux producteurs : moutarde, soucis, onagre, lin, etc.
Pour l’azote, le rôle est dévolu aux vesces, trefles, lupin, etc.
Pour finir sur cette serre de lutte biologique, j’ai remarqué une cagette remplie de plants qui sera utilisée à d’autres fins, puisqu’elle contenait des…capucines !
Séverine m’a également lâché lors de notre conversation qu’elle comptait bien nous faire découvrir les vertus comestibles de cette très belle plante initialement utilisée pour ses qualités ornementales !
Tenez-le vous pour dit, ce sera une saison « découverte », mais chut, je ne vous ai également rien dit !
Tandis que je finissais de photographier discrètement le « labo », Séverine admirait ses quatre rangées de fraisiers qui promettent de fournir une bien belle récolte si dame Nature veut bien collaborer !
Voilà qui met fin à cette visite guidée de l’exploitation de la Haute Roussière, j’espère que vous aurez tout comme moi apprécié ce tour de propriétaire, mais si le coeur vous en dit, je vous invite à prendre le temps de vous y rendre, pour peu que vous aillez informé au préalable Séverine de votre visite, elle se fera un plaisir de vous la faire découvrir !
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